Genève n’a pas mis d’emplacement à disposition des nomades. Les discussions avec Avully, commune pressentie, n’ont pas encore abouti.
Le Courrier/Marc Lalive d'Epinay
Où en est-on dans l'accueil des gens du voyage en terre genevoise? Le canton du bout du lac - comme tous les autres cantons d'ailleurs - est soumis à une obligation fédérale qui oblige les collectivités publiques a mettre à disposition des Yéniches, citoyennes suisses, un terrain pour s'installer temporairement. La Confédération reconnaît en effet les Yéniches comme une minorité nationale. Elles et ils doivent donc bénéficier de lieux pour poser leurs caravanes. Pour recevoir les gens du voyage, le Département du territoire a depuis plusieurs années déjà jeté son dévolu sur le lieu dit de la Touvière à Avully, une aire coincée entre le Rhône et des jardins familiaux, qui a longtemps abrité une usine de produits chimiques. Lors du coup de force des Yéniches en juillet 2023, qui s'étaient installés à Thônex pour dénoncer l'absence d'aire d'accueil sur le canton, l'Etat de Genève' s'était dit sensible aux difficultés rencontrées par les gens du voyage et promettait une action rapide.
Il était notamment question d'un groupe de pilotage qui devait se réunir incessamment sous peu. «Le site d'Avully reste un des sites privilégiés, mais dont la faisabilité doit encore être évaluée. Une étude sera bientôt lancée une fois que le groupe de pilotage entre l'Etat et la commune se sera réuni», nous expliquait l'été dernier le Département du territoire (DT). «Si ce site devait répondre aux critères, il nécessitera une modification de zone, étant actuellement en zone agricole.» Et aujourd'hui? Même réponse, à peu de chose près. «Avully reste un des sites privilégiés, mais dont la faisabilité doit encore être évaluée, explique Pauline de Salis-Soglio, porte-parole du Département. Une étude sera bientôt lancée une fois que le groupe de pilotage entre l'Etat et la commune se sera réuni.» Quand? Mystère. Les autorités genevoises ne semblent pas pressées d'empoigner ce sujet qui cristallise les mécontentements et les interrogations.
Avully tempère
A Avully donc, commune pressentie pour recevoir les gens du voyage sur un terrain propriété de l'Etat, on joue l'apaisement. En effet, en 2022 le maire Vincent Mottet, fâché, s'était étonné de n'avoir pas a été consulté par les autorités cantonales. Aujourd'hui, il tempère sa fureur d'alors. «Nous avons eu depuis des discussions apaisées avec le Département du territoire, a qui nous avons exposé notre point de vue, explique-t-il. Mais depuis, nous n'avons eu ni de nouvelles ni de réunion avec le département. Ce devrait être les cas d'ici cet été. Il me semble qu'une étude d'impact est un préalable indispensable avant toute démarche.» Reste que Vincent Mottet n'est toujours pas persuadé que ce site, même partiellement dépollué, soit adéquat pour recevoir des personnes. De plus, des habitantes s'interrogent sur le seul choix d'Avully pour recevoir des gens du voyage sur le canton. «Je ne peux malheureusement pas leur répondre, se désole l'édile. Je ne sais toujours pas si une liste a été dressée avec d'autres lieux potentiels où si Avully est l'unique commune qui pourrait recevoir des gens du voyages.»