La commune d’Estavayer ne veut pas des gens du voyage occupant depuis samedi la zone Plein Sud.
CHARLES GRANDJEAN
«Ils ont cassé les cadenas, enfoncé les barrières. Pour nous, ce genre d’attitude est intolérable.» Eric
Chassot ne mâchait pas ses mots hier. Le syndic d’Estavayer a pour le
moins peu goûté l’intrusion, samedi, de 35 caravanes de gens du voyage
sur la place Plein Sud, dont le périmètre de quelque 5 hectares est
habituellement délimité d’une barrière.
«Il y a déprédation et
violation de propriété. Nous avons déposé une plainte samedi. Nous leur
avons demandé de partir. Ils devaient normalement le faire aujourd’hui
(hier, ndlr)», poursuit-il. Eric Chassot y voit un «préjudice lourd»,
car la commune met cette place de 5 hectares à disposition de plusieurs
locataires, notamment pour de l’entreposage sécurisé de matériel.
«Des locataires étaient censés venir aujourd’hui (hier, ndlr). Ils
n’étaient pas là.» Il évoque aussi une entreprise privée qui comptait
sur le lieu comme parking pour une prochaine manifestation. Auprès des
gens du voyage, on en appelle à la tolérance. «Ce qu'on demande à la
commune, c'est qu'ils nous tolèrent un moment.
Nous avons eu un
décès ce matin (hier, ndlr)», explique le représentant du groupe de Roms qui a refusé de décliner son identité. Inimaginable pour eux, dans ces
circonstances de reprendre la route. Leur représentant reconnalt-il
l'entrée par effraction sur le site? «On sait que quelqu'un a
effectivement cassé le cadenas, mais on ne sait pas qui. Mais on s’en
fiche du cadenas. S’il faut le payer, on le paie.
Ce n’est pas
un problème», esquive l’homme. Quant à l’usage du lieu par des
locataires? «On veut très bien se rassembler et se mettre sur le côté
pour laisser le maximum de place possible.» Outre le problème de ne plus pouvoir garantir la sécurité du lieu aux locataires, le syndic pointe
l'absence de commodités: «Cette zone n’est pas équipée. Il n’y a ni eau, ni électricité, ni infrastructure pour les déchets.» Un non-problème
selon les gens du voyage.
«On est d’accord de mettre des
containers et des toitoi (toilettes mobiles, ndlr) à notre charge»,
répond leur représentant. Et de renchérir: «On est même d’accord de
payer une caution et de payer la place selon un prix à définir.» Rien
n’y fait. Malgré la visite de la police dans l'après-midi, les deux
parties campaient hier soir sur leurs positions. »