Rétrospective vaudoise 2023 - Une saison de Gitans, entre bras de fer et barricades

28. Dezember 2023

Début mars, à quelques jours du printemps, une quarantaine de caravanes aux plaques françaises débarquent sans prévenir à Lausanne en début de soirée.

24 heures/DBO-FLA

Les Gitans veulent ainsi dénoncer le manque d’emplacements adéquats pour s’installer et travailler dans la région. Le canton ne dispose que d’une aire de transit à Rennaz de 42 places, qui est rapidement débordée. Du côté des autorités, c’est le branle-bas de combat. Les négociations aboutissent à un accord: le convoi peut s’arrêter temporairement à Romanel-sur-Lausanne.Cette intrusion marque le début d’une saga. La caravane – qui grossit et dégrossit au fil des semaines – s’installe momentanément à un endroit. Passé le délai légal, elle doit quitter les lieux et trouver une nouvelle halte, avec ou sans autorisation. La tension est permanente. Le dialogue se poursuit devant les tribunaux. Parfois la situation dérape, comme lors de l’incendie d’un fourgon de la police, stationné à l’entrée du camp de Gitans sur le parking relais de la Bourdonnette, qui compte jusqu’à 130 roulottes durant plus de six mois.

Les communes réagissent. À Bussigny, la surface bétonnée d’un parking régulièrement visité a été défoncée, le rendant ainsi inaccessible. D’autres communes construisent des barrages, à l’aide de bennes remplies de matériaux lourds, pour barrer l’accès aux parcelles publiques. Les municipalités reconnaissent avoir durci le ton face à ces intrusions. Elles expliquent ne pas avoir les moyens d’accueillir ces centaines de personnes et renvoient la balle au Canton, qui pourrait en faire davantage.

Le problème s’étend au Nord vaudois. À Yverdon-les-Bains, la belle saison avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Fin avril, la cité thermale, désireuse de montrer l’exemple, invite des Yéniches à séjourner un mois, le temps d’une étude menée par l’EPFL, sur une place d’accueil temporaire spécialement équipée après une réflexion d’étudiants. Expérience écourtée par la pluie, mais concluante: les gens du voyage suisses peuvent revenir tout l’été. Changement de ton fin juillet quand 33 caravanes de Gitans français débarquent sans prévenir, logées à la hâte près du terrain de rugby. Pour faire pression en vue d’un départ, Yverdon installe des blocs de béton empêchant toute nouvelle entrée ou sortie du camp illégal, puis coupe l’eau. Départ négocié et respecté, le restant du convoi erre de place en place: Penthalaz, Échallens, puis un terrain cantonal à Crissier. La saga des gens du voyage va s’étirer jusqu’en octobre, quand les Gitans expulsés de la Bourdonnette stationnent sur des terrains privés à Aclens puis Noville, avec à chaque fois le même ras-le-bol. «Pour l’an prochain, nous voulons créer des aires d’accueil provisoires plus petites, pour 15 à 20 caravanes», envisage le conseiller d’État Vassilis Venizelos.